Retex recalcul ouvrages et prise en compte de la corrosion d'armatures

Bonjour,

Le Grand Port de Nantes-St-Nazaire porte une mission d’analyse de risque et d’évaluation de son parc d’ouvrages portuaires avec SCE. Dans ce cadre d'étude, nous faisons un petit appel à la communauté concernant une question particulière :

Nous sommes à la recherche de retours d'expérience de cas de recalcul d'ouvrages pour lesquels a été considéré une perte de ductilité des armatures de BA en fonction de la corrosion.

Pour illustrer le questionnement : le BE a considéré un seuil de perte de corrosion à partir duquel les aciers ne sont plus pris en compte pour le recalcul dans son analyse de risque en s'appuyant sur un travail de thèse : https://theses.fr/2014ISAT0013

Ou si vous avez également la connaissance de littérature scientifique sur le sujet perte de ductilité des armatures BA et corrosion en complément de cette thèse ?

Merci la communauté !

2 votes :

Renaud LEGLISE on 6/11/24 at 2:54 PM

Bonjour Claire,

Le guide du Cerema indique :

"La corrosion des armatures a non seulement pour effet de réduire leur section résistante, mais également de réduire la largeur du palier plastique avant rupture ainsi que l’adhérence et la résistance à la fatigue. Dès lors, on peut craindre la rupture en chaîne des armatures travaillant simultanément. Les armatures les plus corrodées atteignent leur palier plastique puis se rompent avant que les armatures voisines n’aient atteint leur limite de résistance. Il est recommandé, suivant la proportion d’armatures concernées et l’état de dégradation observé :
    - soit de négliger certaines armatures ;

     - soit de vérifier les sections à l’état-limite ultime selon une hypothèse de comportement élastique (et avec la section résiduelle non corrodée), pour ne pas surestimer les possibilités de plastification des aciers tendus, lorsque les armatures sont partiellement corrodées.
Il convient par ailleurs de tenir compte des conditions d’adhérence et d’ancrage des armatures pour évaluer l’effort maximal qu’elles sont en capacité de reprendre."

C'est moins précis quantitativement que ce qu'il doit y avoir dans la thèse que tu cites. Cela encourage cependant bien à négliger la ductilité des armatures corrodées, par suppression du palier plastique et calcul uniquement en comportement élastique.

Je vais relayer ta question.

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Renaud LEGLISE on 6/11/24 at 5:14 PM
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Renaud LEGLISE
on 6/18/24 at 5:50 PM

Bonjour Claire,

J'ai pu récupérer l'article Techniques de l'Ingénieur par le service abonnements du Cerema. Je le tiens à ta disposition si tu le souhaites.

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Benoit THAUVIN on 6/12/24 at 12:10 AM

Bonjour,

La perte de ductilité est a priori plus importante dans le cas d'une corrosion par les chlorures (effet d'entaille) que dans le cas d'une corrosion par la carbonatation (plus homogène).

J'ai lu quelque part qu'au delà de 30% de perte de section il n'y a plus de palier plastique. Le guide Cerema, conservateur, recommande de ne pas prendre de palier plastique dans la vérification des sections corrodées.

La perte d'adhérence a un effet important mais difficile voire impossible à apprécier. Il existe cependant des lois d'allongement de la longueur de transfert acier/béton en fonction de la perte de section d'armature. A manipuler probablement avec précaution.

Il convient de bien adapter le niveau de sophistication du recalcul au niveau de connaissance de la structure : incertitude sur le positionnement des armatures, incertitudes sur les pertes de section (très variables à l'échelle d'une section BA et à l'échelle de la structure et difficile à bien évaluer), ...

Pour information, le Cefracor travaille à l'écriture d'un guide dédié au diagnostic de la corrosion des structures en BA qui abordera le sujet du recalcul. Il faut malheureusement attendre un peu.

Bien cordialement

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Renaud LEGLISE
on 6/12/24 at 7:53 AM

Merci Benoît pour ce retour très intéressant. Je te rejoins tout à fait sur le fait que rien de savoir quel pourcentage de perte de sections d'aciers on prend est déjà une hypothèse approximative, pas évidente à caler de manière raisonnable...

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Marjorie BOURQUENCIER on 6/12/24 at 4:25 PM

Bonjour,

Je ne peux pas aider pour le calcul, mais je peux vous aider à comprendre le phénomène.

Il faudrait savoir quel type d'armature a été testé. En effet, les caractéristiques d'une armature ne sont pas homogènes dans la section (des mesures de dureté permettent de s'en rendre compte par exemple).
Dans certains cas, les caractéristiques mécaniques sont meilleures en surface (le grain y est plus fin). Donc forcément, si on corrode (en surface, par définition !) et qu'on perd ces bonnes caractéristiques, l'armature est globalement "moins bonne" (difficile à dire si nécessairement, c'est la ductilité qui diminue : il faudrait regarder plus finement le sujet).
C'est le cas par exemple des armatures trempées (auto)revenues. L'époque et le type de fabrication jouent.

Il faut voir aussi quel est le type de corrosion : généralisée ? par piqûre ? S'il y a des points de faiblesse (effet d'entaille, par exemple, comme le dit Benoit THAUVIN ), la rupture sera nécessairement plus brutale (et donc la ductilité moindre).

Cordialement,

1 vote :

Renaud LEGLISE
on 6/12/24 at 4:27 PM

merci bcp Marjorie pour ces compléments

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