Face au prix élevé du foncier et des loyers en zones urbaines denses, de nombreux ménages font le choix de s’installer en périphérie. Ce choix résidentiel entraîne un allongement des distances domicile-travail, qui s’accompagne parfois d’une forte dépendance à la voiture individuelle et fait peser une importante charge sur le budget des ménages. La hausse du prix de l’énergie menace l’équilibre budgétaire de ces ménages et amène à s’interroger sur leurs stratégies résidentielles. Pour éclairer ces situations, la notion de coût résidentiel, qui mesure les dépenses supportées par les ménages pour se loger et se déplacer, s’est récemment développée (Crédoc, 2013). Elle s’inscrit dans la continuité des travaux sur la précarité et la vulnérabilité énergétiques des ménages qui se sont multipliés en France depuis la hausse des prix de l’énergie dans les années 2000. « Encore peu connue dans l’approche des politiques publiques d’aménagement ou du logement, la question du coût résidentiel a déjà été utilisée par certains territoires qui développent des actions ou participent à l’aide à la décision des ménages en matière de choix résidentiel » (Cerema, 2016). Au-delà des critères de coûts, les choix résidentiels sont également déterminés par d’autres critères qui ne sont pas nécessairement d’ordre budgétaire : rejet des contraintes de la vie urbaine (bruit, promiscuité, stress du quotidien), aspiration à la maison individuelle, recherche de proximité avec des relations familiales ou sociales, avec des commerces et services, ou avec la nature. Ces « aménités environnementales » qui correspondent à une recherche de qualité de vie des ménages, sont des facteurs de choix résidentiel à prendre en compte. Diverses études et recherches ont permis d’identifier des ménages vulnérables et de mettre à jour des facteurs de vulnérabilité. Quelques travaux ont également mobilisé la notion de coût résidentiel pour orienter les documents de planification stratégique, dans une approche systémique du territoire. Enfin, sur le champ de l’accompagnement des choix de localisation des ménages, des outils ont été développés pour aider les ménages dans leurs choix résidentiels, que ce soit en France (E-mob, Lieu idéal, mobicost) ou à l’étranger (Walkscore, H+T index). La Stratégie de développement de la mobilité propre (SDMP) pour la période 2016-2018 prévoyait d’étudier la conception d’outils destinés à sensibiliser les ménages aux conséquences de leurs choix de localisation de domicile. Dans cette optique, la Direction générale des infrastructures de transport et de la mer (DGITM) a demandé fin 2016 au Cerema de recenser et analyser les outils existants sur ce sujet, puis de proposer des préconisations pour un outil de calcul des coûts de transport induits par la localisation du domicile, diffusable et utilisable facilement par les ménages sur l’ensemble du territoire. Pour répondre à cette demande, le Cerema s’est appuyé sur un de ses travaux précédents, mené entre 2014 et 2016 autour de la notion de « coût résidentiel » et de son usage dans les territoires, qui l’avait conduit à mettre en place et animer une démarche partenariale large (Ademe, ANIL, Crédoc, LVMT, LAET, Lab’Urba, Syndicat Mixte Métropole Savoie, agence d’urbanisme de la région stéphanoise Epures, Région Auvergne-Rhône-Alpes) visant à mettre en commun, capitaliser et diffuser les réflexions et les expériences sur cette notion (Cerema, 2016). Le Cerema a complété ces premiers éléments de connaissance par un approfondissement de la mobilisation de la notion de coût résidentiel dans les études locales pour orienter les documents de planification stratégique (cf. en annexe le rapport dédié). La première partie du rapport en présente les principaux enseignements. Par ailleurs, le Cerema a réalisé le recensement et l’analyse des Outils de sensibilisation à l’impact des choix résidentiels : état des lieux et perspectives 4 outils existants destinés à sensibiliser les ménages aux conséquences en termes de transport de leurs choix de localisation de domicile. Sur ce second volet, une trentaine d’outils, français et étrangers, a été recensée et compilée début 2017 dans un tableau précisant, pour chacun d’eux : le caractère sectoriel (habitat, mobilité) ou intégrateur des données de sortie, son caractère purement informatif ou personnalisable, sa localisation, son porteur, son public-cible, ses objectifs, ses fonctionnalités, la date et le contexte de mise en place, ainsi que des ressources ou contact pour en savoir plus sur l’outil (cf. en annexe le tableau de recensement). Suite à ce recensement, quatre outils ont été sélectionnés, en lien avec la DGITM, pour faire l’objet d’une analyse approfondie : • « Walk Score », développé par une société privée aux États-Unis, au Canada et en Australie (cf. en annexe le rapport sur l’outil Walk Score) ; • « Lieu idéal », développé par Kisio Consulting pour Transilien sur la région Île-de-France ; • « E-mob », développé par l’agence d’urbanisme de Saint-Étienne Epures (cf. en annexe le rapport sur l’outil e-mob.fr) • « Mobicost », développé par le laboratoire PACTE de l’université de Grenoble Alpes, dans le cadre du projet européen MORECO – Mobility and REsidential Costs (cf. en annexe le rapport sur l’outil Mobicost). Ces analyses, restituées dans la deuxième partie de ce document, ont permis de faire émerger en conclusion des pistes de réflexions quant à la diffusion des outils existants ou de développement d’outils à l’échelle nationale.