Afin de favoriser un meilleur partage de l’espace public, la métropole de Grenoble a acté, en septembre 2015, la généralisation dès 2016 de la vitesse maximale autorisée en agglomération à 30 km/h sur l’ensemble de son territoire. La collectivité s’appuie juridiquement sur un article de la Loi de Transition Énergétique pour une Croissance Verte, qui autorise depuis août 2015 un maire à « fixer pour tout ou partie des voies de l’agglomération ouvertes à la circulation publique une vitesse maximale autorisée inférieure à celle prévue par le code de la route, eu égard à une nécessité de sécurité et de circulation routières, de mobilité ou de protection de l’environnement. » Ce sont finalement 43 des 49 communes, représentant plus de 425 000 habitants (sur 450 000), qui ont inversé courant 2016 la règle (50 km/h en agglomération) et l’exception (instauration progressive de zones de circulation particulière dans des secteurs délimités – zones 30, zones de rencontre et aires piétonnes). Notons que ce dispositif s’inscrit dans une démarche plus globale intitulée « métropole apaisée » qui se traduit notamment sur la durée du mandat 2014-2020 par des requalifications importantes de voirie et d’espaces publics (projets « coeurs de villes, coeurs de métropole ») et la mise en oeuvre de plans destinés aux mobilités actives (piétons et cyclistes). S’agissant de la première agglomération d’une taille aussi importante à généraliser la vitesse à 30 km/h (après notamment la ville de Lorient dans les années 90), la métropole a proposé au Cerema de mener conjointement avec elle l’évaluation de ce dispositif innovant dans le contexte français. En effet, près de 80 % de la voirie est désormais limitée à 30 km/h alors même que peu d’aménagements de voiries et d’espaces publics ont pu être réalisés dans le même temps afin de mettre en cohérence la configuration des rues – pour certaines de nature très routière et favorisant les vitesses élevées – avec leur nouveau statut. Cette évaluation vise aussi à suivre et mesurer la compréhension d’un nouveau type de marquage dérogeant aux règles actuelles de signalisation et encadré par un arrêté d’expérimentation des ministères de l’intérieur et en charge des transports : le marquage au sol des rues restant limitées à 50 km/h. Cet arrêté ayant une durée de 3 ans, il a été décidé de retenir deux temps forts de l’évaluation : à 6 mois pour mesurer la connaissance, le respect et les effets de court terme de cette mesure, et à 3 ans, afin de mesurer les effets de long terme et de statuer définitivement sur la mesure dérogeant aux règles de signalisation pour la légaliser ou au contraire la rejeter selon les résultats de cette évaluation. Ce premier rapport présente ainsi le retour d’évaluation de court terme, en se basant sur les mesures quantitatives des débits et vitesses de trafic réalisées avant mise en oeuvre (courant 2015) et après (en juin et octobre 2016) et sur une grande enquête qualitative auprès des usagers (automobilistes, piétons et cyclistes) menée en octobre 2016.